Refuge 44, etude archéologique et visite virtuelle d'une carrière refuge utilisée en 1944. 2018 à Caen / Calvados
Evènement passé.
Du 13 au 14 octobre 2018 à Caen.
Nous proposons une visite en réalité virtuelle à l'aide d'un casque immersif, de l'une des nombreuses carrières-refuges utilisées par les civils pris sous les bombes lors de la Bataille de Caen (juin-juillet 1944). La redécouverte par les archéologues en 2014, de cette carrière a offert l'opportunité de mettre en place une opération archéologique à caractère expérimental permettant de confronter différents types d'analyses, au croisement de l'archéologie, de l'histoire et de la sociologie. Ce programme de recherche, débuté en 2015 (sous la codir. de L. Dujardin et C. Marcigny), associe des chercheurs de l'Inrap, du CNRS, de l'INSA-Strasbourg et des spéléologues.
Cette carrière souterraine se trouve au sud de Caen, en bordure de la route d'Harcourt, sur la commune de Fleury-sur-Orne (Calvados). Entre le Débarquement allié du 6 juin 1944 et la fin du mois de juillet, plusieurs centaines d'habitants de Caen et de Fleury-sur-Orne trouvent refuge dans cette carrière d'environ 2 hectares, dont l'accès leur a été ouvert par les brasseurs. Dès le 5 juin 1944, comme d'autres propriétaires de carrières de Fleury-sur-Orne, les frères Saingt, prévenus par la Résistance et la BBC de l'imminence du Débarquement, ouvrent les portes de leurs caves aux sans-abris qui fuient la ville pilonnée sans relâche par les avions alliés (dès les premières heures du 6 juin, la porte de la tirée est ouverte, à 8h00, il y a déjà 50 réfugiés en bas, 200 à midi, 500 le soir, la plupart de Caen). Au bout de quelques jours, près d'un millier de personnes y sont installées pour survivre sous terre, dans des conditions rudimentaires.
Le dévouement des frères Saingt et de leurs employés a été exemplaire et toutes les ressources de la brasserie ont été mises à la disposition des réfugiés. Cependant, il semble que les autorités locales et préfectorales n'ont pas reconnu immédiatement l'action des brasseurs qui ont développé un fort sentiment d'amertume. Ils décident, pour des raisons techniques, d'abandonner l'utilisation des parties souterraines pour installer toute l'usine en surface et, pour des raisons dues à leur déception, d'interdire tout accès aux souterrains, fermant le site avec les traces et vestiges des évènements de 44.
Le site de la carrière Saingt est ainsi devenu un véritable conservatoire archéologique, qui offre un champ d'investigations relativement étendu, que ce soit sous l'angle des modalités d'occupation des lieux au cours des événements de 1944, des comportements sociaux en milieu confiné ou de l'archéologie industrielle.
Ce vaste programme de recherche affiche principalement une double ambition. D'une part, celle de proposer une « archéologie du refuge » ou « de l'enfermement », confrontée aux sources écrites et orales, livrant ainsi un référentiel utile à l'examen a posteriori de sites plus anciens (grotte-refuges de la protohistoire ancienne, par exemple), et offrant ainsi de nouvelles clefs d'interprétation. D'autre part, celle de développer des outils de relevés et d'analyse performants pour l'examen de sols d'occupation (taphonomie, techniques 3D'). Parallèlement à l'archéologie proprement dite, une enquête historique et documentaire est conduite en partenariat avec les historiens du Mémorial de Caen, tandis que la collecte des derniers témoignages et archives est en cours.
L'ensemble de ces éléments peut être intégré à une visite virtuelle du site qui permettra à tout un chacun de se projeter dans l'analyse historique et archéologique du site, permettant via des bornes intégrées au modèle numérique de rentrer dans un processus d'apprentissage double : celui du contexte historique et celui de la démarche scientifique qui accompagne l'interprétation archéologique.
Village des sciences de Caen
Boulevard Maréchal Juin, CAEN - 14000
Débute à 10H00